C’est vers une église chargée d’histoire que nous nous rendons en cette froide journée de mars.
L’église de Crémarest est d’abord remarquable par la chapelle Notre-Dame-de-Grâce, que les marins avaient fait élever bien avant l’an 1300.
Elle fut ruinée lors de la prise de Boulogne par les Anglais en 1544.
La tour, fortifiée et percée de baies étroites, a été élevée entre 1518 et 1520. De nombreuses églises de la régions étaient bâtie pour résister à l’attaque de bandes armées.
Mais poussons la porte pour voir ce que peut cacher cette véritable place forte.
Penchons nous d’abord sur le chœur, qui, en raison de sa relative exiguïté par rapport à l’affluence que suscitait les offices en ce lieu, fut le théâtre d’une querelle très étendue dans le temps terminée par un procès en 1733 qui dura 12 ans.
Cette querelle opposait les chanoines aux autorités communales, ces derniers n’acceptant pas que les religieux s’octroient les stalles dans le chœur.
Un autre incident eu lieu dans cette église en 1684. Au cours de la messe avait lieu une distribution de pain béni. Une nouvelle fois, la préséance entre les gentilshommes dégénéra en querelle, les épées sortirent des fourreaux et à l’issue de ce duel, plusieurs cadavres jonchaient le sol.
Source : La semaine dans le Boulonnais
Revenons à la chapelle Notre-Dame-de-Grâce. Lors de la reprise du pèlerinage en 1955, un marin boulonnais offrit cet ex-voto.
En 1682, Antoine Le Roy, dans l’Histoire de Notre-Dame Boulogne relate ceci :
Les Mariniers de la côte Boulenoise, qui ont toujours ressenti des effets singuliers de la protection de la Sainte-Vierge, ainsi que nous le remarquerons ailleurs, élevèrent à son honneur une belle Chapelle dans l’Eglise de Nostre-Dame de Cremarest, & y mirent une Image de la mesme figure que celle de Boulogne, où ils alloient rendre leurs vœux avec beaucoup de religion, & où chaque Maistre de Navire estoit obligé d’entretenir un Cierge. Il y avoit dans cette Chapelle une célèbre Confrérie, & il s’y est fait quantité de miracles, particulièrement en faveur des enfans morts sans Baptême, ainsi qu’on le peut voir dans un registre de l’Eglise, qui commence environ l’an 1400 sous le titre d’ « Enfans receus à grace ».
Plusieurs personnes de qualité, par une loüable emulation ont donné de leurs biens & de leurs terres à cette Chapelle, pour y entretenir le service Divin, comme on le voit encore dans un autre registre, où il y a de ces legs pieux dés l’an 1300.
Cette Chapelle a subsisté, & la devotion s’y est maintenue dans toute sa vigueur, jusqu’à la prise de Boulogne par les Anglois, qui ruinèrent la pluspart des lieux saints, & s’efforcèrent, autant qu’ils purent, d’abolir principalement le culte de la Sainte-Vierge dans toute l’étendue de ce païs.
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